Les obligations, la pire chose à laquelle Fughis avait jamais dû s'habituer. On pourrait penser qu'avec quelques siècles d'existence on passe par dessus certaines choses mais non, rien à faire, c'était toujours aussi énervant. Les responsabilités, les promesses, les gens qui dépendaient de lui, tout ces aspects étaient devenus de plus en plus présents avec les années. Maintenant, sur l'autoroute en direction D'Orillia, il regardait cette ville de l'enfer en se disant qu'il devait la traverser seul.

Ces foutus pseudo soldats qui l'accompagnaient étaient tous morts, son bras droit n'était pas disponible, et maintenant il était obligé de traverser la ville pour arriver à temps. Il posa son sac à terre et en sorti une boite de cigares qu'il affectionnait particulièrement car, comme lui, elle avait survécu au temps. Il s'assit sur le capot d'une voiture, son sac pour coussin, sortit son fidèle zippo de la deuxième guerre mondiale et alluma puis fuma son cigare, très bien conservé. Ils étaient tellement rares de nos jours mais aussi tellement délicieux! Il jeta encore un coup d'oeuil à la ville et se souvint que chaque chose ou presque dans cette ville voulait sa peau. Pourtant ils n'allaient pas l'avoir si facilement. Il fit son inventaire: quelques explosifs, deux Desert Eagles avec beaucoup de balles. Par contre, parce qu'il ne pensait pas passer par la ville, il ne pensait pas avoir besoin d'emmener une arme de mêlé efficace. Résultat: Aucune arme pour se défendre sans attirer les foules de zombies sauf un poignard de mauvaise qualité. À son habitude, il aurait emmené un katana ou au moins une masse mais non on lui avait demandé de voyager léger.

Il poussa un long soupire. Il allait devoir faire appelle à son instinct, la partie de son âme qu'il n'aimait pas beaucoup. Il allait devoir s'abandonner à sa folie. Il s'assit sur la voiture et se mit à penser à tout les massacres qu'il avait causé et tout ceux à venir. Des horreurs sans nom se dessinaient devant ses yeux. La pire barbarie sur terre relâchée dans son esprit et soudain, *Ça* se mit à ressortir.

Et il rit. Il rit, il rit et rit encore. De plus en plus fort. Toute cette boucherie, même seulement issue de souvenirs, loin de le dégoutter, l’excitait! Il en voulait plus, ses muscles se préparaient aux combat. Ça lui démangeait, ça le chatouillait. Il DEVAIT tuer.

Avec un grand sourire, il se releva et pris ses deux pistolets. Il aurait parfaitement pu se frayer un chemin à l'arme a feu mais ça n'aurait pas été assez drôle. Il enleva les magasins des deux fusils et ne laissa qu'une seule balle dans la chambre de chacun. Avec un grand sourire, il se dirigea vers l'entrée de la ville. Arrivé devant les premiers gratte-ciel, Il cassa la vitre d'une voiture, enfonça ses deux bras dedans et tira les deux balles qu'il avait réservé. Le bruit,, étouffé en bonne partie par la voiture, se répercuta à une bonne distance sur l'autoroute ainsi que dans les rues transversales. À ce moment, pendant que tout les zombis se rassemblaient proche du son, il empoigna ses deux armes par le canon et se prépara à frayer son chemin à coup de cross.
Le Kraken venait d'arriver en ville.

Fughis ignora complètement la voie féminine qu'il venait d'entendre. Cela lui déplaisait profondément de montrer le côté sombre de sa personnalité à une femme et le kraken acceptait volontiers cette condition. Cependant, quand ce côté sombre se réveillait, il devait répandre le sang.

Il allait devoir se déchaîner sur les quelques zombis devant lui. C'était bien peu, mais il fallait s'en contenter. Sans même porter un regarde sur la nouvelle arrivante, il prit son élan et asséna un coup de crosse sur la tempe du zombie le plus proche. Il mit tellement de puissance dans son mouvement que la tête du zombie éclata en répandant une bonne quantité de sang/cerveau/liquide encéphalique dans la rue. En voyant ce résultat, Fughis sourit cruellement et se prépara pour sa prochaine attaque. Il commençait à peine à prendre son pied.

La transe de combat, une frénésie guidée par une seule loi: frappe, prépare l'autre coup et frappe plus fort, dans son cas, à une vitesse quasi surhumaine. L'entraînement ne faisait que améliorer cette séquence en ajoutant des réflexes et des cibles. Les seules pensées automatiques qui pouvaient peut être apparaître dans son esprit faisaient partie de cette dernière catégorie.
*Tempe. Nuque. Machoire.*

Après s'être défoulé un minimum sur les revenants, Fughis commença à se calmer. Il se mit a respirer plus tranquillement, son envie meurtrière s'en allait graduellement, loin d'être satisfaite.

Pour la première depuis que la fille lui avait parlé, il se retourna vers elle pour la regarder. Après une bref inspection de son interlocutrice il se permit de prononcer.
''Désoler pour l'attente, puis je vous demander votre nom ma chère?'' Dit-il, un sourire charmeur au lèvre, à son habitude.